Assise contre l’imposant mur immaculé de la
cathédrale de Copacabana, une abuelita fait l'aumône, humble
point noir noyé dans tant de blancheur.
Visage parcheminé, mèches éparses grisonnantes, châle
de tissu noir défraichi ramené sur la poitrine par une grossière
épingle à nourrice, elle tend la main. Un petit corps est
endormi à coté d’elle.
A l'époque, abuelita vivait à La Paz. Sa fille de Copacabana
renversée par un chauffard laissa deux petits orphelins. Malgré
de vaines promesses, le père s'éclipsa à Cochabamba,
loin, bien loin de sa progéniture.
Abuelita se rapprocha alors de ses petits enfants pour les élever
Le plus petit a trois ans aujourd’hui. Le plus grand va à l'école.
Il réclame à sa grand-mère de nouvelles chaussures,
que cette dernière ne peut lui offrir. Abuelita a un maigre revenu
et ne peut plus travailler, ses rhumatismes la font tellement souffrir.
Elle a peur :
Que deviendront mes petits “après” ?
Alors, l’abuelita mendie. Elle mendie et elle pleure en racontant
sa triste histoire.