Bruce Chatwin, Anatomie de l'errance, Poche, 2006
Bruce Chatwin aime brouiller les
pistes. Collectionneur acharné, il a également été
un globe-trotter infatigable, capable de partir sur un coup de tête
en envoyant un simple télégramme : "Suis parti en Patagonie".
Expert pour la très sérieuse maison de ventes aux enchères
Sotheby's, reporter épris d'indépendance pour The Sunday times
magazine ou History today, il cumule les paradoxes. Ces textes inédits
de l'auteur, dévoilent la nature profondément nomade de cet
Occidental attiré par les immensités du désert et la
rencontre avec d'autres peuples.
Il ne cessera de défendre le mode de vie nomade pratiqué par
les chasseurs-cueilleurs avec ses rapports sociaux égalitaires fondés
sur le communautaire, l’échange, la réciprocité,
la loi de la frugalité (on travaille juste pour ce qu’on a besoin)
et le refus d’accumuler. Une idéologie de partage et de loisirs
en opposition avec le mode de vie sédentaire imposé par l’agriculture,
dont les structures s’établissent sur la redistribution inégalitaire,
la hiérarchisation sociale, la propriété individuelle,
le surplus et la production.
Une de ses thèses : en devenant humain, l'homme aurait acquis, en même
temps que la station debout et la marche à grandes enjambées,
une "pulsion" ou instinct migrateur qui le pousse à marcher
sur de longues distances d'une saison à l'autre. Cette "pulsion"
serait inséparable de son système nerveux et, lorsqu'elle est
réprimée par les conditions de la sédentarité,
elle trouve des échappatoires dans la violence, la cupidité,
la recherche du statut social ou l'obsession de la nouveauté, la frénésie
de la consommation.
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