De la perception individuelle du danger
Le sentiment de danger est une perception éminemment individuelle
et subjective. Bien sur, il existe des risques objectifs, mais leur perception
renvoie aussi à nos peurs et à la manière très
personnelle de les gérer.
Nous avons pu tester et comparer nos perceptions mutuelles en ce domaine…
Tout d'abord, le fameux trajet en colectivo que vous avez du lire plus haut…
une piste sinueuse en pente raide, sans glissière de sécurité,
sur laquelle un bus des années 60 dévale les virages sans
trop freiner… et bien Sam a du mal à gérer, il a peur,
présente une forte perception du danger car il ne maîtrise
pas la situation. Il serre les dents, n'a pas confiance en la mécanique.
Le conducteur est alors son meilleur ami, et il surveille ses moindres faits
et gestes.
Delphine, a l'inverse, a l'image de Jaques le Fataliste, est plus décontractée,
et considère que comme elle ne peut rien gérer, si accident
il doit y avoir, accident il y aura… Inch Allah !
A contrario de cet exemple, une autre situation vécue démontre
une perception inversée du danger chez nos 2 protagonistes : chemin
du retour sur le versant ouest de la laguna Paron. Pas de chemin balisé,
mais un passage frayé par les campesinos que l'on a du mal à
distinguer. Rive abrupte de terre molle qui se dérobe sous nos pieds.
Nous sommes à 20 mètres au dessus de la lagune. Nous nous
sommes trompés de passage… bloqués par une barre rocheuse.
Il faut revenir sur nos pas. Le simple fait de faire demi-tour est difficile
car nous ne marchons pas sur un sentier… les deux pieds joints ne
tiennent pas dans la largeur…
Delphine a peur de glisser et de tomber, surtout que les poids des sacs
ont tendance à déstabiliser l'équilibre. Elle a peur
de rester tétanisée et de ne plus pouvoir avancer. Elle a
peur de ne pas pouvoir se maîtriser.
Sam, au contraire, adore cette situation, justement parce que dans ce cas,
il est acteur et peut maîtriser la situation, contrairement à
l'exemple du colectivo. Il y prend même un certain plaisir, une adrénaline
positive. Il se concentre sur ses pas, et fait abstraction du danger.
(Pour la petite histoire, deux campesinos qui passaient par là nous
ont fait signe. Le passage était dix mètres plus haut).
En résumé, l'un a peur quand il ne maîtrise pas, l'autre
a peur de ne pas se maîtriser… finalement, on n'est pas si différents
que ça, tout est question de maîtrise.
Nos peurs actuelles sont générées par des expériences
passées, plus ou moins traumatisantes.
Et vous, de quoi avez-vous peur ?