Fitz Roy... encore un nom au parfum d'aventure...
De nombreux andinistes ont péri en voulant violer sa tour inaccessible
haute de 3405 mètres. Le danger ici n'est pas l'altitude mais les
conditions météorologiques instables faisant de ce sommet
l'un des plus difficiles à gravir.
Notre objectif sera bien moins ambitieux : monter jusqu'à la Laguna
de los tres, un lac glaciaire situé à la base du mythique
sommet.
Mais quelle ascension infernale...
Le vent...
Un vent de folie, soufflant en puissantes et imprévisibles rafales,
arrachant les branches des robustes Lenguas, aspirant l'eau des lagunes
pour créer d'immenses tornades liquides, soulevant la terre des
falaises en un tourbillon de sable...
Courber l'échine, il faut courber l'échine pour lui donner
moins de prise, planter solidement dans le sol nos bâtons de marche,
les cramponner pour ne pas qu'ils s'envolent. Tomber, se relever, retomber.
Ne pas ouvrir la bouche surtout, ou une rafale vengeresse s'engouffre
violemment et s'amuse avec vos joues comme lors d'une chute libre !
Arrivés au sommet, la lagune est là, visible, mais le vent
redouble encore de puissance et nous interdit d'approcher… ultime
épreuve. Nous sommes obligés de nous protéger derrière
un bloc de granit, impossible de tenir debout. Nos yeux coulent, notre
bouche est sèche et nos genoux sont endoloris par les chutes successives.
Il faut hurler pour s'entendre et se cramponner au rocher qui nous protège
pour ne pas verser.