Delphine
et l'injustice…
Ce matin, nous attendons Alfonso, notre muletier, pour débuter notre
trek. Apres plusieurs minutes, arrive un petit monsieur d'une soixantaine
d'année, accompagné d'un petit âne. Le visage de Delphine
se crispe, mâchoires serrées… quelque chose ne va pas !
Je connais cette bouille, et généralement, s'ensuit de gros
sanglots … Ça ne rate pas … après de rapides présentation,
un torrent de larmes irrépressibles envahit son visage.
La vue de cet homme chausse de sandales, d'un vieux blouson troué et
de son âne Francisco, tout aussi mal loti, est de trop … quelle
injustice face a nos vêtements et équipements ultra performants,
alors que nous allons affronter les mêmes conditions…
Dans ma tête, des images de retour anticipé défilent,
adieu le Pérou, retour parmi nos congénères embourgeoisés
… et que dire de cet âne qui n'a rien demandé, lui a-t-on
laissé le choix ? Non, il va devoir porter les sacs que nos dos fragiles
d'occidentaux sédentarisés ne peuvent supporter … c'est
vrai que tout ceci est injuste …
Apres plusieurs minutes et une discussion avec Alfonso, qui nous explique
qu'il fait ce métier depuis 35 ans et 15 ans pour Francisco, Delphine
se calme. Le début du trek finit par faire retrouver à Delphine
un visage plus ou moins serein, Francisco donnant le rythme que nous essayons
de suivre avec difficulté.
Il n'en reste pas moins qu'il y a quelque chose de dérangeant face
a ces inégalités, face a ce décalage … D'un cote,
on permet a cet homme d'exercer son métier et du coup de gagner sa
vie, et de l'autre, on a cette sensation de malaise face a une telle différence,
sensation exacerbée chez Delphine, et encore plus dans un pays pauvre
comme le Pérou.
Pendant ce trek, Alfonso sera choyé, gagnera un super couteau suisse
et un super pourboire…
En attendant, pour nos prochains treks, on essayera de se passer des services
d'un arriero, et j'endosserai le rôle de burro (âne)…!