Internet : la fin de l'imaginaire
Formidable outil de travail, de communication et d'information. Internet
a considérablement réduit les distances depuis une quinzaine
d'années. Où que nous soyons, même au fin fond de
la Bolivie, nous avons la possibilité d'être au courant de
tout en 2 clics de souris.
Très utile pour échanger avec les proches via caméras
interposées ou bien par l'intermédiaire de messages électroniques
et autres réseaux communautaires, internet a également totalement
révolutionné notre approche du « vouloir-savoir ».
Une question vous taraude ? Un petit tour sur google et dans la seconde
qui suit vous recevez un flux de textes, photos et autres vidéos
se rapportant à votre sujet. Vous n'avez plus alors qu'à
consommer toutes ces informations en espérant éviter l'indigestion.
C'est là que je deviens nostalgique. Plus de temps pour lever la
tête, regarder les nuages par la fenêtre, laisser son regard
se perdre, tout va très vite, tout va trop vite...
Je me souviens, gamin, d'avoir un rêve qui s'appelait Australie,
à cette époque, peu d'informations sur l'île-continent,
seules quelques brides récoltées au détour d'une
émission, d'un magazine ou du journal TV alimentaient mon esprit.
Faute ou grâce au manque d'information, j'ai du « IMAGINER »,
imaginer l'opéra, toutes voiles dehors, navigant dans la baie de
Sydney, imaginer Uluru, le monolithe géant, au milieu de son désert
rouge, imaginer les kangourous bondissants, les effluves d'eucalyptus,
les eaux turquoises de la Grande Barrière de Corail.
Pendant presque 2 décennies j'ai donc rêvé, je me
suis fabriqué un savoir jusqu'au jour où la réalité
s'est confrontée au fruit de mon imagination. Je pense que mon
envie d'ailleurs vient de là, que ma soif de connaissance doit
d'abord s'épancher avec mon esprit. Internet représente
une forme d'aliénation, la machine remplace subrepticement nos
fonctions imaginatives. Une léthargie cérébrale inhibe
alors toute inspiration, toute extravagance, fantaisie ou grain de folie.
Forme d'hédonisme, l'imagination aura toujours pour moi une saveur
délicieuse que le réel ne pourra jamais atteindre.