La veille de Noël à Caleta Tortel, point de neige dans les
rues, ni illumination extravagante. Personne en quête d'un cadeau
de dernière minute ou de quelques douzaine d'huitres. Le temps
semble suspendu, comme les autres jours de l'année. Cependant,
un manège incessant de barques de pêcheurs transporte de
bien curieux passagers... des agneaux. Ces derniers sont ensuite acheminés
à dos d'hommes sur les passerelles vers chaque maisonnée.
Les pauvres ovidés connaitront un Noël dramatique. Ils seront
sacrifiés, dépecés, éviscérés
puis grillés entier au barbecue. En témoignent, quelques
heures après, les peaux de moutons écorchées et autres
abats suspendus dans les arbres pour ne pas être déchiquetés
par les chiens errants. Sam masque le regard de Delphine a chacune de
ces funestes visions. L'agneau de Noël est un met rare, très
apprécié par les autochtones mangeant à longueur
d'année du saumon et du crabe foisonnant dans les eaux du fjord.
La nuit tombe sur Caleta Tortel. Seuls les passerelles éclairées
à la faible lueur de modestes guirlandes suspendues aux fenêtres
et les sons festifs émanant des chalets aux toits fumants guident
nos pas, et nous rappellent que cette soirée est particulière.
Particulière comme la rencontre impromptue d'un couple français
venu comme nous festoyer dans le seul restaurant du village. Hasard ou
signe du destin, Jean-Charles et Valérie avaient sympathisé
quelques semaines auparavant en Argentine avec un autre couple français,
Nathalie et Thierry, avec qui nous avions nous même passé
quelques jours bien agréables en Bolivie.
Que penser de ces délicieuses coïncidences ?
Le monde est un village,
Aucune rencontre n'est fortuite,
C'est peut-être ça aussi, la magie de Noël ...