Roberto Chino le muletier
Roberto a 39 ans et vit dans le hameau Aymara de Rakatiya, isolé
à 3900 mètres d'altitude dans la Cordillère Royale.
L'électricité est arrivée depuis peu à Rakatiya.
Il faut dire que le village le plus proche est à trois heures de
marche.
Comme ses parents, Roberto parle la langue vernaculaire Aymara au quotidien.
Comme ses parents, Roberto est campesino. Il cultive la pomme de terre,
seul légume pouvant pousser a de telles altitudes. Il élève
aussi un petit troupeau de moutons. Pour assurer l'éducation de ses
quatre enfants, il vend un peu de sa récolte et quelques unes de
ses bêtes à Sorata, 1500 mètres plus bas, dans la vallée.
Mais les temps sont durs, le prix de la pomme de terre a chuté dramatiquement
et un mouton se vend aujourd'hui à peine cinquante bolivianos (cinq
euros).
Alors, pour améliorer le quotidien, Roberto est aussi muletier et
porteur. Il accompagne les touristes en haute montagne. Mais un pantalon
en Tergal élimé, un pull col roulé kaki datant de son
service militaire et un fin blaser synthétique ne suffisent pas pour
supporter les nuits glaciales à 5000 mètres d'altitude. Alors,
il a froid. Il dit qu'il est habitué. Comme il est habitué
à porter un sac à dos mille fois raccommodé qui ne
ferme plus et dont les sangles usées jusqu'à la corde menacent
de se rompre.
Roberto est frêle et de petite taille, mais il porte dans son regard
toute la détermination et la résistance des peuples de montagne
devant lutter quotidiennement pour leur subsistance.