La soixantaine bedonnante, Rodolfo est garçon de café depuis
trente ans au « Cinzano », un comptoir centenaire
de Valparaiso patiné par les années, où, à
l'époque « Bohême », poètes,
peintres et musiciens se plaisaient à venir déguster des
cocktails de vin aromatisés naturellement à la fraise, à
la pêche ou à la chirimoya. Amant éternel de Valparaiso,
Pablo Neruda aimait commander dans ce bar mythique la traditionnelle soupe
au congre bien persillée.
Lorsque l'on parle politique avec Rodolfo, ses petits yeux malicieux s'animent
et son point gauche se lève en l'air en criant « Izquierda
! » (Gauche !)... ce dernier regrette amèrement les
années où la présidente socialiste Michelle Bachelet
était au pouvoir.
En attendant les prochaines élections, Rodolfo continue à
servir des verres de Carmenere à ses clients -un cépage
puissant emblématique du Chili- en écoutant la jolie Carmen
entonner des standards hispaniques d'une voix mélancolique...
Besame, Besame mucho, como si fue esta tarde la ultima vez...