Petit matin. Nous décidons de plier la tente et de déjeuner
plus loin, dans un endroit moins exposé. Le démarrage en côte
à jeun est difficile, mais la vue à couper le souffle est
toujours là et le soleil va briller aujourd'hui. Nous contournons
le volcan par son flanc ouest, traversons quelques torrents et beaucoup
de névés moribonds. La vue change. D'une vallée luxuriante,
nous passons à un plateau lunaire composé de dunes noires,
orangées et jaunes souffre, de fumerolles évanescentes et
de rivières de laves figées. Nous sommes sur la lune. Un peu
plus loin, une rivière aux berges verdoyantes jure au milieu de tant
de sécheresse, et nous amène jusqu'à des sources d'eau
chaude sulfureuse se mélangeant à des torrents d'eau glacée
provenant de la fonte des neiges éternelles.
Nous sommes saisis par ce concentré de contraste, fourbus, brulés
par le soleil, piqués par les taons assassins, mais heureux, tellement
heureux !