Je repense en une fraction de seconde à l'ouvrier voulant se tirer
une balle car il se fait dévorer par sa machine, et je réponds
d'un air espiègle :
« Moins de capitalisme... »
Éclair de panique dans le regard de la journaliste. « Ce
n'est pas politiquement correct, cela ne passera pas, elle est en train
de me bousiller mon scoop... Non, ce n'est pas grave, on coupera au montage »
se dit-elle.
Cette dernière se reprend malgré tout très vite,
et, comme si elle n'avait pas entendu mon odieuse réponse, me redemande
:
« Que souhaitez-vous de bon à votre famille pour cette
nouvelle année ? »
« Ah ! La réponse prêt- à-penser que vous
attendiez ? Amour, gloire et beauté, c'est ça ? »
Des souhaits individualistes et individualisés me semblent bien
dérisoires aujourd'hui, alors que la nature est à l'agonie,
les hommes au bord du suicide et que les moyens dévorent les fins...
Alors que souhaiter à notre monde contemporain si ce n'est un changement
radical de paradigme économique permettant la survie de notre planète
?