Trois mois plus tôt, la commission de l’environnement de la dixième région voisine a rendu un jugement encore plus surprenant en autorisant l’implantation d’une centrale hydraulique au cœur du Parc national Puyehue, réserve naturelle la plus visitée du pays. Comment le gouvernement peut-il permettre une telle construction dans un parc censé être protégé par les lois tant nationales qu’internationales ?, se demandent les détracteurs de la décision.
De même, les écologistes restent perplexes devant la décision prise en mars dernier d’approuver un gigantesque projet hydroélectrique que l’entreprise états-unienne AES Gener envisage de réaliser dans le Cajón del Maipo, vallée située au sud de Santiago et très fréquentée par les habitants de la capitale pendant les fins de semaine. Cette centrale de 531 MW captera l’eau de plusieurs affluents du Maipo, importante source d’eau potable pour les près de six millions d’habitants que compte Santiago.
La bureaucratie en cause
Les observateurs soutiennent que le problème est fondamentalement lié aux institutions, que le SEIA n’est pas conçu ni formé pour évaluer et, par conséquent, bloquer les projets potentiellement dommageables.
« Le SEIA est un système qui n’est pas fait pour écarter des projets, ni pour évaluer des propositions de rechange. Il est fait pour aller dans le sens des projets présentés », affirme Prieto. « Il permet aux entreprises d’être en conformité avec la loi et avec les règlements. Faute de planification pour la gestion de l’énergie, de l’eau et du territoire, les projets ne s’inscrivent dans aucun cadre juridique digne de ce nom. Il est ainsi très facile de respecter la loi. »
Selon les critiques, aucune des commissions régionales de l’environnement ne jouit d’une véritable autonomie. Toutes sont dirigées par des gouverneurs régionaux, nommés par la Présidence. Autrement dit, le processus d’approbation peut facilement être sujet aux caprices politiques et économiques des membres de la commission ou de ses supérieurs à Santiago.
Les commissions « n’ont rien d’autonome. Elles font ce qu’on leur dit à La Moneda [2]. C’est tout. Et en plus, La Moneda est cooptée par les grandes entreprises de la capitale », déclare Orrego. « Défier ce bloc formé par le gouvernement, les entreprises et les multinationales relève de l’impossible. »

ITINERANCE-ANDINE
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