le
long combat des indiens d'argentine
(Gérard Devienne l'humanité)
L’Argentine compte 700 communautés
indiennes, selon le recensement de l’Endepa, chargé des territoires
indigènes. Elles représentent environ 3 % des 36 millions
d’habitants. Les Mapuches (" Gens de la terre ") sont 200
000, répartis en une centaine de communauté, situées
en Patagonie. Comme leurs frères chiliens, les Mapuches argentins sont
les parents pauvres d’un pays qui, après des décennies
de prospérité, s’enfonce dans une crise héritée
de la dictature de 1976-1983, et des politiques ultralibérales de Carlos
Menem. Paysans et éleveurs, les Indiens, luttent aujourd’hui
pour la récupération de leurs terres. En effet, seuls 32 %
possèdent un titre de propriété - moins de 10 %
chez les Mapuches patagons.
En plus d’avoir été spoliés, les Indiens, furent
les laissés-pour-compte de la prospérité, comme le rappelle
Alejandro Isla, coordinateur de l’INAI (Institut national des affaires
indigènes) : " Rendre les terres ne suffit pas ; on
doit mettre en place des plans d’investissements et de développement,
tant ces territoires sont attardés. "
Les Mapuches, qui peuplent la pampa centrale et la pré-cordillère
andine, vivent quasi exclusivement de la vente du mouton et d’artisanat.
Leur niveau de vie est inférieur à celui des autres habitants
de Patagonie. Les infrastructures sociales sont insuffisantes : 38 %
des adultes sont analphabètes et 70 % des enfants présentent
une scolarité incomplète. Pourtant les Mapuches sont, parmi
les peuples indigènes, les mieux organisés politiquement. La
Confédération mapuche de Neuquén, fonctionnant comme
un parti sans liens avec les partis nationaux, se veut porte-parole de revendications,
dont la propriété de la terre reste la plus pressante. Fabian
Pinta, " werken " (messager) de la communauté Kuxaltuwe évoque
les dangers que font courir à " toute l’Amérique
latine " les politiques de discrimination des différents gouvernements,
se risquant même à prédire un " soulèvement
indigène ", tant les Mapuches sont " fatigués ",
eux qui réclament du " respect ", quand on ne leur offre
que de " mendier " et de vivre " humiliés ". Fabian
Pinta estime que son peuple subit une " forme subtile d’extermination
", plus de cent ans après la campagne du Désert - on nommait
ainsi la Patagonie - menée par le tyran Rosas. Mais toutes les communautés
mapuches ne partagent cette vision. Celle de Anekon Grande, dans la province
du Rio Negro, n’est pas pauvre ; sa revendication centrale repose
sur " la reconnaissance de sa philosophie de la vie millénaire,
de son identité propre ".