S'opposer
aux agro-carburants : Pourquoi ?
Monique Munting, réalisatrice du film "Réservoirs
pleins, assiettes vides", explique ici comment l’Union européenne
a fait le choix de promouvoir les agrocarburants.
Pour lutter contre le réchauffement climatique, l’Europe veut
imposer l’utilisation de carburants produits par l’agriculture.
La Commission Européenne parle de « bio »carburants.
« Bio » veut dire « vie ». Les
agrocarburants sont-ils vraiment des « bio »carburants ?
Monique Munting, qui a été chercheuse universitaire puis fonctionnaire
à la Commission Européenne, en charge de programmes de coopération
avec divers pays, a mené son enquête. Pour présenter les
résultats, elle a choisi de faire un film, pensant qu’il serait
un meilleur moyen pour informer que ne l’aurait été un
rapport supplémentaire. Ce film, Réservoirs pleins, assiettes
vides a été projeté et commenté par l’auteur,
qui est aussi membre d’AGTER, lors de la réunion thématique
en juin 2009 sur le site du Jardin Tropical, à Nogent sur Marne.
Monique Munting rappelle les liens entre la crise alimentaire et le développement
-déterminé politiquement- des agrocarburants. Elle détaille,
en particulier, comment l’Europe a décidé de les promouvoir.
C’est-à-dire qui l’a guidée vers ce choix. Il semble
qu’à cet échelon, les modalités de gouvernance
pourraient aussi être améliorées.
AGROCARBURANTS,
L’EUROPE SOUS L’EMPRISE DU LOBBY INDUSTRIEL
Une crise alimentaire catastrophique est en marche, dont tous les ingrédients
ont été mis en place depuis des années.
Pour nous ici, cela veut dire des prix en hausse. Mais pour des millions de
gens sur cette planète, cela veut dire : ne plus être capable
de couvrir les dépenses alimentaires de la famille, en être réduit
à retirer les enfants de l’école pour épargner
cette dépense, parfois les livrer à la prostitution pour obtenir
un revenu additionnel. C’est tout cela, une crise alimentaire. Tout
cela, avant de signifier : émeutes, retour en force des fondamentalismes
et des autoritarismes, propagation de graines de haine et d’intolérance.
En nous obligeant à utiliser des agro-carburants produits pour l’essentiel
dans des pays du Tiers-Monde, l’Union Européenne nous fait participer,
que nous le voulions ou non, à cette crise. Nous en serons des complices
forcés chaque fois que nous achèterons de l’essence ou
que nous prendrons un bus ou un avion. Car dans l’état actuel
des technologies, la production des agro-carburants n’est possible à
grande échelle que de deux façons : en soustrayant des
terres consacrées auparavant à la production alimentaire, ou
en rasant des forêts.