Quatre secteurs principalement sont actifs sur ce nouveau marché : biochimie (semences OGM), agro-business, industrie pétrolière (qui prépare l’après-pétrole) et industrie automobile (qui fait obstacle au développement de combustibles qui demanderaient une transformation importante des moteurs ou qui permettraient une moindre usure de ceux-ci).
Les entreprises impliquées s’appellent : ADM, Cargill, DuPont, Syngenta, AlcoGroup, British Sugar, British Petroleum, Shell, Mitsubishi, Chevron, Petrobrás, Total, PetroChina, Rabobank, Barklays, Société Générale, Toyota, Bill Gates, Georges Soros, Carlyle, Goldman Sachs, etc. Quand on interroge ces acteurs-là au sujet des agro-carburants, il va de soi qu’ils sont pour. Ce sont des intérêts qui parlent ici, non des analyses indépendantes. Encore moins des analyses se référant à d’autres priorités que le profit : la course au profit, comme unique moteur de l’action.
Et quelles garanties peut offrir un système de certification dont les conditions auront été définies dans une large mesure par ceux-la même qui pendant des années ont déboisé, pollué, détricoté les systèmes de protection sociale existants et réprimé par la violence les efforts pour les voir émerger là où ils n’existaient pas ? Qui trouve-t-on dans les Groupes de Travail mis sur pied par la Commission Européenne pour définir le système de certification qui devra garantir les conditions de production des agro-carburants ? Ces mêmes multinationales qui se sont lancées à l’assaut de ce nouveau marché ! Contrôleurs et contrôlés sont dans une très large mesure les mêmes.

Le principe de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance indispensable des systèmes judiciaires est admis de longue date au niveau gouvernemental. Il ne l’est pas au niveau des "nouveaux maîtres du monde" que sont les multinationales, désormais acteurs et juges à la fois et auprès de qui la Commission se démet de ses responsabilités.
Lorsque ces multinationales polluent ou accaparent l’eau potable (Nestlé fait l’objet de poursuites judiciaires pour ce motif), lorsqu’elles sont responsables de maladies incurables ou de décès (Monsanto fait l’objet de poursuites judiciaires pour ce motif), lorsqu’elle tuent et paient les tueurs (Chiquita a été condamnée pour ce motif en avril 2007), la seule peine qu’elles risquent ou encourent est une amende qui confirme l’impunité avec laquelle elles agissent, plutôt que le contraire. Car que pèsent les 15.000 € de l’amende à laquelle Monsanto a été récemment condamné ? Que pèsent même les 25 millions $ d’amende auxquels a été condamnée Chiquita pour financement de groupes terroristes ?
Et quelle garantie d’actions judiciaires transparentes et équitables peut-il y avoir lorsque le procès a lieu dans le pays d’origine de la multinationale, et que ce pays peut tout bonnement refuser un visa aux témoins ou victimes des agissements de ses multinationales (c’est ce qui s’est passé récemment pour la société Drummond, accusée de complicité dans l’assassinat de dirigeants syndicaux en Colombie) ?

ITINERANCE-ANDINE
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