Depuis l’élection d’Alan Garcia, en 2006, le Pérou a accéléré son insertion dans ce que la sociologue et chercheuse en sciences politiques, Monica Bruckman, appelle « le dispositif continental d’endiguement de l’avancée de la gauche en Équateur, en Bolivie et au Venezuela ».
Dans un article paru en septembre dans le Monde diplomatique, la chercheure des Nations unies, nous apprend que Garcia, ex-président social-démocrate et anti-impérialiste dans les années 1980, a remplacé les idéaux de son parti, l’Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA), par l’inquiétante doctrine du « chien du jardinier ».
Le 28 octobre 2007, dans une lettre adressée aux journaux péruviens, Garcia explique que les mouvements sociaux, indigènes, environnementalistes et la gauche en général sont comme le chien du jardinier « qui ne mange pas mais empêche les autres de manger », bref, qu’en défendant les ressources naturelles du pays, ils sont les ennemis de sa modernisation.
Les déclarations méprisantes de Garcia ne s’arrêtent pas là. Au début de 2007, il traitait les indigènes de « sauvages arriérés » et demandait aux nombreux pauvres de son pays de « cesser de quémander » parce que cela fait d’eux « des parasites ».
Le 2 février 2008, il félicite la police dont certains membres viennent d’exécuter deux paysans. « C’est très bien qu’ils défendent le Pérou, déclare-t-il. Que cela serve de leçon à ceux qui incitent publiquement à la grève et à l’agitation. »       
La modernisation dont parle le président, rappelle Bruckman, vient du traité de libre-échange que le Pérou a signé avec les États-Unis, en décembre 2007.
Dès lors, le Congrès péruvien accordait au gouvernement tous les pouvoirs pour légiférer par décrets pendant les six premiers mois de 2008. Garcia en profite pour modifier ou créer une centaine de lois favorables à la privatisation des ressources du pays exigée par Washington.
Les nouvelles lois vont jusqu’à découper la forêt amazonienne, et même la mer, en concessions vendables à de grandes entreprises.


ITINERANCE-ANDINE
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