Le
Pérou copie la Colombie (André
Maltais, Mondialisation.ca)
Aussitôt les indigènes se sont mobilisés
contre les décrets 1090 (Loi des forêts et de la faune sylvestre)
et 1064 (Régime juridique pour l’exploitation des terres agricoles).
Le premier met en vente 68% des forêts péruviennes, avec toute leur
biodiversité faunique et florale, tandis que le second facilite les
transactions dans le cas de terres indigènes.
Au printemps 2009, les protestations débouchent sur une grève
régionale qui dure deux mois, les indigènes occupant des portions
d’autoroutes et bloquant l’accès à des pipelines
et stations pétrolières.
Le 5 juin (Journée mondiale de l’environnement!), une brutale
intervention policière cherche à déloger 5000 indigènes Wampi et Awajun d’un
important tronçon autoroutier et provoque la mort de 24 policiers
et d’une cinquantaine de manifestants et à la disparition de
centaines de civils.
Cinq mois plus tard, le « massacre de Bagua » n’a
pas encore été investigué, les dirigeants indigènes
sont toujours détenus ou exilés et leurs hameaux truffés
d’agents du renseignement.
Garcia, nous dit Monica Bruckman, profite de l’appareil légal
répressif créé par Alberto Fujimori, dans les années
1990, « appareil qu’il a encore durci et qui permet
la criminalisation des mouvements sociaux et l’impunité des forces
armées dans leurs actions de répression. »
« Se sachant non poursuivis pour les blessures et les morts causées,
policiers et militaires n’hésitent pas à utiliser leurs
armes. »
Qualifiés d’extorqueurs, les manifestants et les autorités
locales qui les soutiennent encourent des peines pouvant aller jusqu’à
25 ans de prison. Toute personne peut être arrêtée
sans mandat et être coupée de l’extérieur pendant
dix jours tandis que la police peut mener des enquêtes sans ordre du
procureur.
Au lendemain des événements de Bagua, Lima, qui venait d’accorder
l’asile politique à des opposants vénézuélien
et bolivien recherchés par la justice de leur pays, dénonce « une
agression soigneusement préparée contre le Pérou »
et laisse entendre que la révolte autochtone est attisée
par les présidents Chavez et Morales de ces deux mêmes
pays.
Le 28 septembre dernier, Garcia, seul président latino-américain
à soutenir fermement l’occupation états-unienne des
bases militaires colombiennes, réussit à convaincre le
Tribunal constitutionnel péruvien d’approuver l’intervention
des Forces armées dans les « conflits influencés
par une idéologie étrangère ».