Le
Pérou copie la Colombie (André
Maltais, Mondialisation.ca)
Le Pérou est maintenant transformé en centre
d’opérations pour le Pentagone. Selon les registres du Congrès
péruvien, entre 2004 et 2009, pas moins de 55’350 militaires
états-uniens seraient entrés en territoire péruvien et,
à partir de 2006, leur durée moyenne de séjour passe
de 100 à 277 jours.
Les activités de ces patrouilles se concentrent dans des
zones de fort conflit social (la jungle et sa périphérie)
et consistent surtout en appui informatif et en entraînement
contre le trafic de drogue.
Pour Fredy Otarola, député du Parti nationaliste
péruvien (PNP), l’objectif caché est d’entraîner
les frégates lance-missiles et autres unités navales de la
4e flotte états-unienne avec ses homologues péruviennes,
les ports servant au réapprovisionnement des navires et au repos des
équipages.
Et, advenant des « causes imprévues »,
dit-il, l’armée péruvienne peut inviter des
militaires étrangers avec armes et navires de guerre sans l’autorisation
du Congrès prévue par la constitution.
Le Pérou procède aussi à une intégration
militaire croissante avec son voisin colombien : manœuvres communes
dans les zones frontalières avec opérations aériennes,
établissements de canaux de communications et de procédures
de coordination, entraînement des états-majors, etc.
Les présidents Garcia et Uribe justifient ce rapprochement militaire
par des « problèmes communs » comme le trafic
de drogue et la présence de guérillas.
À propos de ces dernières, les médias colombiens
et péruviens prétendent que la guérilla colombienne des
FARC a réussi à faire renaître de leurs cendres ses
homologues péruviennes du Sentier lumineux et du Mouvement
révolutionnaire Tupac Amaru à qui, après les avoir
déclarées vaincues, on impute maintenant la responsabilité
du moindre acte de violence.
L’hiver dernier, quatre manœuvres militaires conjointes colombiano-péruviennes
avaient lieu précisément dans la région
où opèrent les unités états-uniennes et les
pseudo-guérillas.
Le spécialiste en matière de sécurité, Ricardo
Soberon, croit que ces manœuvres « ratifient l’alliance
entre la Colombie, le Pérou et les États-Unis »,
ces derniers profitant d’un traité de libre-échange
générateur de mécontentement et de conflits sociaux au
Pérou « pour consolider leur stratégie militaire
en Amérique du Sud ».
Il s’agit là, poursuit-il, d’un coup très dur
porté à la stabilité régionale et à la
formation du Conseil de défense sud-américain qui
a, entre autres objectifs, celui de diminuer les ingérences étrangères
dans la région.