Grève de la faim
Les frères Huenchullan sont d'autant plus amers qu'on ne donne pas suite à leurs plaintes pour violences policières. Jaime porte les cicatrices sur le torse d'impacts de balles, Omar, son jeune frère, a été touché au genou. Une femme de plus de 70 ans a eu la jambe traversée d'une balle. Récemment, un enfant de 12 ans a reçu plusieurs impacts. Aucun policier n'a été poursuivi. Le conflit est encore monté d'un cran, avec la mort, le 3 janvier, d'un étudiant mapuche de 22 ans, Matias Catrileo, tué par la police d'une balle dans le dos. Signe d'une détermination à toute épreuve, Patricia Troncoso, la militante la plus célèbre de la cause indigène, a tenu 112 jours en grève de la faim afin d'arracher un assouplissement de ses conditions de détention. Depuis la mi-mars, cette femme de 39 ans, condamnée à dix ans de prison pour «incendie terroriste», bénéficie d'un droit de sortie le week-end .
Dans cette lutte pied à pied, le pouvoir fait désormais mine de jeter du lest. Fin janvier, la présidente Bachelet a ainsi désigné un «commissaire aux affaires indigènes», chargé de lui soumettre un plan de sortie du «conflit mapuche». Le 5 mars, après dix-huit ans d'atermoiements, le Parlement chilien a en outre ratifié la Convention 169 de l'Organisation internationale du travail, qui reconnaît des droits collectifs aux peuples autochtones. Signe de cette nouvelle bonne volonté, le ministre de l'Intérieur Edmundo Pérez Yoma a déclaré la semaine passée que l'Etat devait honorer «la dette contractée envers les peuples indigènes». Mais les Mapuches se battent depuis trop longtemps pour le croire sur parole.
(1) Les Mapuches sont estimés à un million de personnes, sur une population de 16 millions de Chiliens, et représentent 85 % des huit peuples autochtones du pays. On trouve aussi des Mapuches en Argentine.


ITINERANCE-ANDINE
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