La Bolivie : De la misère à l'espoir ?(© Ritimo, Cdtm Montpellier, 2007)
La révolution national-populiste de 1952
signifia de nombreuses avancées sociales telles que la nationalisation
des mines et la fin des oligarchies de l’étain, le suffrage universel,
le développement de l’éducation et la réforme agraire.
Promulguée en 1953, cette réforme agraire mit en partie fin
au système latifundiaire dans lequel quelques grands propriétaires
créoles employaient des milliers d’indigènes en situation
de quasi-esclavage. Si le travail obligatoire disparut, le démantèlement
des grandes propriétés n’eut le succès escompté
que dans les régions andines (de l’altiplano et des vallées).
Les « prises » d’haciendas ne touchèrent
que peu les plaines orientales de la région de Santa Cruz où
se développe, depuis quelques années, un Mouvement des paysans
sans terre (MST), inspiré de son homologue brésilien.
En 1985, le gouvernement du MNR (Mouvement National Révolutionnaire)
de Paz Estenssoro lança les réformes dites « de première
génération », qui mirent fin à « l’Etat
national ». Dictées par le FMI et la Banque mondiale, ces
réformes aboutirent à un désengagement économique
quasi total de l’Etat, symbolisé par le décret 21060 :
réduction du déficit fiscal, blocage des salaires, libéralisation
du marché et des prix, taux de change flexible, rationalisation du
secteur public et donc privatisation des entreprises nationales déficitaires,
etc. En 1986, la corporation minière, COMIBOL, qui avait été
nationalisée en 1952, fut privatisée et 23 000 travailleurs
furent licenciés. Cette catastrophe sociale se traduisit notamment
par une forte émigration depuis l’Altiplano jusqu’aux zones
de colonisation des vallées tropicales andines et de l’Orient
bolivien. La libéralisation économique se poursuivit tout au
long des années 1990 alors que les mouvements sociaux, souvent à
caractère indianiste, se multipliaient.
Le 18 décembre 2005, Evo Morales, président du Mouvement vers
le socialisme (MAS), est élu président de la Bolivie au premier
tour de l’élection avec 53,74 % des voix. Il est le premier président
amérindien. Le 25 janvier 2009, une nouvelle Constitution est adoptée
(par référendum) par 58,7 % des voix. Le processus d’élaboration
de cette constitution a été le théâtre d’affrontements
violents entre les opposants de Morales et ceux qui défendent le projet
de refondation de la Bolivie. Cette constitution représente une avancée
significative en termes de droits économiques, sociaux et culturels,
notamment les droits concernant la santé, l'éducation, l'environnement
et l'accès universel aux services de base tels que, entre autres, l'eau,
l'électricité, le gaz et les télécommunications.
L'équilibre du pays reste très fragile, en raison des
nombreux clivages culturels et historiques. Mais l'espoir se maintient,
surtout chez les habitants de l'Ouest et dans la population indigène
: l'espoir de voir se bâtir une nouvelle Bolivie, libre, juste et digne.