
Les Aymaras, ce peuple dont l'origine remonte à 2000 ans avant
JC ont subi à partir des années 1570 un processus d'évangélisation
forcée par les jésuites espagnols. Un travail d'acculturation
en profondeur, orchestré à partir de l'extirpation des idoles
et de la destruction des sanctuaires de cultes. Les prêtres persuadèrent
les indigènes que leur religion n'était que pure superstition
et leurs guides spirituels de simples jeteurs de sort. Les enfants des
Aymaras les plus respectés étaient soumis à une éducation
catholique dans le but de contribuer à leur tour à la conversion
de leur parents.
Le monde sacré Aymara a du survivre dans la clandestinité,
camouflant ses rites en "coutumes" et reconnaissant officiellement
la seule religion catholique.
Aujourd'hui, la culture Aymara se caractérise par une coexistence
syncrétique d'éléments indigènes pré
hispaniques et de croyance catholique au sein d'une même cosmovision.
Le seul acapacha (notre monde) qui définissait la vision du monde
Aymara s'est vu attribué la vision manichéenne du monde
chrétien. Deux nouveaux niveaux sont apparus, exprimant symboliquement
le nouvel ordre hiérarchique postérieur à la conquête
:
- Un monde supérieur à l'acapacha, représenté
par Dieu, la vierge et les saints (Arajpacha)
- Un monde inférieur, le monde d'en bas, peuple de démons
(Manqhapacha).
