De la ville touristique et aseptisée de Pucon, une heure de bus
est nécessaire pour rejoindre le village de Curarehue, dont la
population est à 80% d'origine mapuche. Le taxi emprunte ensuite
une mauvaise piste s’enfonçant dans une vallée encaissée
entourée d'une épaisse forêt validivienne. L'adresse
? Chez Alejandro Conuequir.
Une petit champ d'avoine bruissant sous le vent, deux parcelles à
taille humaine jalonnées de bottes de foin attendant d'être
ramassées et des pruniers lourds de fruits bien mûrs entourent
un chalet croquignolet.
Un, puis deux, puis trois chiens viennent nous accueillir. Des poules
gambadent en toute liberté à l'instar de quatre cochons
se goinfrant de pommes tombées de l'arbre. Deux chevaux broutent
les herbes sèches aux abords d'une petite rivière aux eaux
cristallines alors que l'on aperçoit quelques moutons traverser
au pas de course une clôture qui ne clôture plus rien. Des
vaches, enfin, elles aussi en liberté, paissent paisiblement derrière
la maison.
La famille Conuequir vit dans ce cadre bucolique depuis plusieurs générations.
Alejandro, le vénérable chef de famille, travaille dur pour
élever ses bêtes. La période d'été très
courte (janvier, février) laisse vite place à 8 mois de
pluie et de neige incessantes pendant lesquels les bestiaux sont gardés
au chaud dans la grange. La pluie menace dans les prochains jours et il
faut rentrer les bottes de foin rapidement, sinon elles pourriront et
viendront à manquer pour l'hiver.