Le peuple Mapuche compte aujourd'hui 1 million de personnes. Il constitue
le seul peuple premier ayant résisté victorieusement à
l'invasion Inca, puis à la colonisation espagnole. Ce ne fut pas
sans heurt, et des 100 000 km² de leur vaste territoire d'Araucanie,
il ne reste à ce jour que quelques 5000 km².
A la fin des année 1800, les armées chiliennes et argentines
massacrèrent 100 000 Mapuches et décidèrent d’offrir
leur territoire déclaré « vide » aux
migrants européens. Un véritable déni d'existence.
La réforme agraire lancée entre 1965 et 1973 leur rendit
quelques terres, mais elles sont aujourd'hui convoitées par des
industries étrangères. Les expropriations se multiplient,
quand ce ne sont pas les cours d'eau pollués par les mines ou la
pisciculture, ou la plantation d'arbres à croissance rapide restreignant
de plus en plus l'espace des espèces natives. Une fraction militante
active des Mapuches a utilisé ces derniers temps la désobéissance
civile pour détruire les plantations de pins et d'eucalyptus. Ils
ont été assimilés à des terroristes et emprisonnés.
L'année dernière, Anna Varela, une cinéaste chilienne
effectuant un documentaire sur la lutte des indiens Mapuches, a été
arrêtée et emprisonnée pour le motif de terrorisme.
Aujourd'hui elle est libérée mais assignée à
résidence, et son matériel vidéo est toujours en
possession de la police.
En 2008, deux réalisateurs français ont également
été arrêtés pour avoir parlé à
un dirigeant Mapuche.
Une droite musclée rappelant parfois les années Pinochet
est au pouvoir aujourd'hui au Chili, et nombreux sont les Chiliens a rêver
pour les prochaines élections présidentielles en 2011 d'un
retour à la gauche de Michele Bachelet.
Lors de notre visite à Curarehue, une militante Mapuche nous a
fait visionner un documentaire filmant une marche de protestation organisée
dans la région pour s'opposer à l'installation d'une mine.
Un grand propriétaire terrien vend sa parcelle aux abords de la
rivière Trancura et l'Etat serait d'accord pour concéder
ces terres à une compagnie étrangère de fabrication
de ciment. Un désastre écologique en prévision.
A la fin du film, une adolescente Mapuche entonne une chanson traditionnelle
:
Le taureau descend de la montagne
Il rencontre des non-Mapuches
Il se jette au sol et ferme les yeux
Se jette au sol et ferme les yeux.
La jeune fille pleure en chantant ces paroles mélancoliques
symbolisant la fin des peuples premiers.