Malgré le dur labeur, l'ambiance est bon enfant, les piles s'accumulent
sur le char et nous sommes recouverts de paille. Des centaines de brins
s'incrustent un peu partout, se collent à la peau, ça pique,
ça gratte, il fait chaud mais l'air de la campagne et les travaux
des champs nous remplissent de joie !
La journée prend fin autour du repas préparé par
Benita et de quelques bières rafraichissantes. Alejandro nous explique
que les Mapuches de la région sont des gens tranquilles et pacifistes,
ils sont parfaitement intégrés à la société,
ils aimeraient développer une activité touristique dans
leur ferme car les travaux sont de plus en plus pénibles pour Alejandro
qui, à 66 ans, est « cassé » de partout.
Mais pour l'instant, la terre n'attend pas et la pluie menace, demain
sera une dure journée.
Ce matin, les hommes vont aux champs pour continuer les foins alors que
les femmes restent à la maison, Benita va enseigner à Delphine
l'art de la cuisine Mapuche.
Je me retrouve donc à empiler des bottes pendant des heures. Il
y a deux champs à terminer et le ciel est de plus en plus menaçant.
Le rythme est intense et la paille gratte toujours autant. Bien que gêné
par notre aide au début, Alejandro est ravi d'avoir deux bras supplémentaires.
En signe de gratitude, il m'appelle « Don Samuel »
(Monsieur Samuel). Je travaillerai ainsi jusqu'à 20 heures, fourbu,
les bras endoloris par l'effort, mais tellement content d'avoir pu donner
un peu de mon temps à ces personnes qui se tuent à la tâche.
Moi, demain, je serai à nouveau sur la route, alors qu'Alejandro
devra encore suer pour faire vivre sa grand famille.
Ce matin, de retour à Pucon, il tombe des trombes d'eau, et au
fond de nous, nous sommes heureux d'avoir pu rentrer les foins à
temps.

