Il y a de nombreux signes d’un renouveau indien. Un signe d’abord démographique : alors que vers les années 1650-1700 on pouvait craindre une disparition pure et simple des peuples amérindiens, l’impensable se produisit à partir de la moitié du XVIII° siècle, à savoir un sursaut démographique spectaculaire, au point qu’actuellement, en ce qui concerne tout au moins l’Amérique « Latine », la population amérindienne a retrouvé sa population initiale de 50 millions d’êtres humains. Un sursaut qui traduit ce qu’on a appelé la « résistance indienne silencieuse » à l’entreprise systématique de déculturation et d’acculturation forcées visant à les hispaniser et les christianiser.
Les Amérindiens résistèrent très vite aux empiètements, vols de terres, exactions, crimes des envahisseurs, avec leurs moyens souvent dérisoires. Citons, entre autres : la grande rébellion, de 1780 à 1782, qui secoua le sud du Pérou et la Bolivie, sous la direction de Tupac Amaru, puis de Pedro Vilca Apaza et de Tupas Katari, qui fut sur le point de libérer cette région du joug espagnol ; les soulèvements des Mayas au Chiapas, au Mexique, dès l’arrivée des Espagnols en 1532 et 1533 ; au Guatemala, se déclenchèrent de nombreuses révoltes tout le XIX° siècle ; la Bolivie vivra, de 1868 à 1900, une longue guérilla indienne.
Au Chili, les Mapuches réussirent à contenir victorieusement – une exception !- les conquistadores espagnols à la hauteur de Concepcion et du fleuve Bio Bio, arrachant par des traités une autonomie territoriale. Et comment ne pas citer le grand soulèvement (levantamiento) des Indiens d’Équateur au cours duquel des centaines de milliers d’indigènes, appartenant à toutes les ethnies, défilèrent calmement les 4 et 5 juin 1990 dans toutes les villes du pays. Ou encore la fameuse révolte des Indiens du Chiapas, un certain 1er janvier 1994, sous l’impulsion du sous-commandant Marcos : un véritable coup de tonnerre… Chaque fois, la première revendication, vitale est celle liée à la restitution des terres volées.
L’élection d’Evo Moralès, d’origine indienne, à la présidence de la Bolivie en janvier 2006, est comme le symbole de toutes ces résistances mais aussi de la reconnaissance du monde indien. Cette élection a rendu possible une redistribution des terres, mais elle a aussi exacerbé un racisme profond (septembre 2008 : sept agriculteurs indiens ont été assassinés). Un moment fort s’il en est un : le Forum social mondial de Bélem de janvier 2009, au cours duquel plus de 2 000 Indiens présents ont dénoncé les graves discriminations dont ils sont victimes, les graves menaces que font peser les entreprises nationales et multinationales sur leurs terres, leur santé…

ITINERANCE-ANDINE
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