Nous nous rendons compte que la soirée est organisée par un
négociant argentin… coup de pub. Tous les vins viennent du
même "domaine"… enfin, "domaine", parlons
plutôt d'entreprise. Les viticulteurs des Amériques, en général,
ont une vision plus pragmatique qu'artistique du vin. La où en France,
la culture de la vigne est encore entourée de la passion d'une famille
pour un terroir délimité, les entreprises vinicoles du nouveau
monde recherchent avant tout la productivité à grande échelle.
Nous ressentons avec force le message de l'excellent Jonatan Nossiter dans
son documentaire "Mondovino", comparant les vins français
et les vins américains: il interview un vieux vigneron de bourgogne
qui dit ceci : "Les vins américains, ce sont des vins traîtres…au
début, ils vous en mettent plein la vue… puis ils vous lâchent,
on ne sent plus rien…" (A voir d'urgence, cliquez ici
pour plus d'infos et là
pour la bande-annonce).
La raclette et le reblochon ont un arrière goût lointain, très
lointain de l'authentique. Ici, on traque les vilaines bébêtes
qui font tout le charme du fromage en pasteurisant du lait demi-écremé.
Les fromages ne sont donc jamais "fermiers". Il en résulte
une pâte brillante, carrée, bien cuite, aseptisée et
fade. De plus, l'herbe et les fleurs déterminent majoritairement
le goût d'un fromage. Les pâturages n'étant pas légion
sur l'Altiplano, un fromage fabriqué ici ne peut définitivement
pas exhaler la pâquerette…
Nous avons par contre appris que le vin s'oxyde beaucoup moins en Bolivie
compte tenu de l'altitude et de la concentration moindre en oxygène
consubstantielle. Une bouteille de vin ouverte peut ainsi se garder bien
plus longtemps !
